dimanche 23 novembre 2008

NOUVELLES



Arcanes majeurs 2ème partie

Un silence atterré s'ensuivit. Les hommes se regardaient, abasourdis. Deux soudain se levèrent. L'un fouilla, nerveux, dans son attaché-case, et en ressortit une liasse de feuilles qu'il brandit en direction de l'actionnaire.
- Voilà mon CV, monsieur, et les attestations de mes précédents emplois à responsabilité dans des postes que celui-ci n'a rien à envier. J'ai cinquante-quatre ans, l'expérience des combats à gérer dans de grandes entreprises... et... vous voulez me faire jouer... me faire jouer aux cartes? Mais de qui vous moquez-vous? Je désire être entendu en entretien! J'exige que l'on m'écoute défendre comme il s'entend entre gens normaux la valeur de mes capacités!
Les veines du cou de l'homme saillaient. La couperose de ses joues marbraient sa peau d'une couleur malsaine. Ses yeux fiévreux passaient de l'un à l'autre frénétiquement. Il avait probablement beaucoup à défendre. Le second comprit. Il ne demanda rien, et remballa ses papiers.
- Je suis désolé, messieurs, je suis au regret de vous annoncer que vous venez de passer négativement le premier test, annonça l'actionnaire. Refuser de participer au jeu est en soi un renoncement à la lutte. Vous ne serez jamais capable de diriger notre entreprise. Je vous remercie, messieurs.
Les deux hommes sortirent sans un mot, le ton avait été assez autoritaire pour leur faire comprendre qu'il n'y avait plus rien à attendre. Le chef du personnel s'adressa aux hommes qui restaient, et qui tous s'étaient rabougris au fond de leur siège:
-Ayez l'obligeance de me suivre, Messieurs.
Dans la salle de conférence, les neufs candidats furent disposés par trois à des tables recouvertes d'un tapis vert. On avait posé sur chacune un jeu de tarot et trois verres remplis d'eau. L'actionnaire et le chef du personnel prirent place, accompagnés d'un troisième homme, derrière une table au long d'un mur. Le nouveau commença à prendre des notes, et il n'échappa pas aux candidats qu'il s'agissait d'un psychologue: il en avait la nonchalance et les contours flous.Le jeu commença. Il ne leur avait pas été permis de rentrer chez eux, ni même de s'accorder un temps de réflexion. Il s'agissait de les cueillir au saut de leur spontanéité de façon à ce qu'ils se révèlent en profondeur.
Marc prit le parti de jouer le plus naturellement possible. Il se souvenait des longues soirées où, avec ses amis, buvant et fumant, ils faisaient ensemble d'interminables parties qui les menaient jusqu'au matin. Il n'était pas un joueur averti, mais était bon joueur, gagnant avec simplicité, perdant avec bonne humeur. Les deux hommes contre qui il jouait étaient maladroits, bien trop concentrés sur leur jeu, s'infligeant un contrôle qui leur faisait perdre leur véritable sang froid. Au fur et à mesure que le temps passait les hommes se liquéfiaient, en proie à des efforts surhumains pour se dominer, rationnaliser leur tactique, apprivoiser le hasard et s'en faire complice.
Marc gagna la première partie. Et sourit d'aise, presque malgré lui. Il demanda juste la permission d'aller aux toilettes avant d'affronter la finale, s'y lava les mains, se regarda dans la glace où il ne perçut aucun changement, ni contractures, ni tics, ni cernes. Juste la pointe d'une petite lueur dans l'oeil: celle de la première victoire.
L'actionnaire congédia les six perdants. Epuisés, désorientés, pas un n'eut le courage de discuter.
Marc s'installa pour la deuxième partie. Ils n'étaient plus que trois. C'était la finale. Les deux adversaires de Marc étaient jeunes. Décontractés aussi. L'un d'eux avait cependant quelques gouttes de sueur qui perlaient le long de la tempe.
- Bonjour, Messieurs, moi c'est Marc
- Jacques
- Emile
-Commençons, et que le meilleur gagne, décréta Jacques.


fin de la deuxième partie
vous trouverez la nouvelle complète sur le blog http://nouvellesetcontes.blogspot.com/
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

1) Scrogneugneu, combien y a-t-il de parties ??? Il faut abréger le suspense !!!
2) Est-ce Minou Drouet en marge gauche ? Qui se souvient d'elle et de son incroyable histoire et du bruit incroyable que fit son talent à un époque un tantinet reculée ?