vendredi 18 novembre 2011

Enfants d'Haïti

pluie tropicale

Il pleut des miettes chaudes sur la croûte de terre
La mie a fondu dans un magma violent.
Son regard fermé, muette, poings serrés,
Elle lutte contre l'invasion d'un ailleurs hostile.

De temps à autre, jaillissent des exclamations d'oiseaux en colère.
Ils braillent comme elle pleure
et tout se répète à l'infini.

L'odeur des bananes frites
se mêle au goût métallique de la mort.
A l'assaut des narines
partout, cette odeur de grillé.
La lumière d'un soleil qui s'est rapproché de la terre se déverse dans la pièce.
Et là, d'un coup, plus un bruit.
Silence total.
La peur.
Et la nuit.
Qui tombe.
D'un coup.
La nuit qui n'a même pas eu le temps de trébucher un peu.
La fin du monde.

Baoummm ! Dans le noir profond, des grondements, des grognements, des déchirements. Puis des éclairs. Et la pluie, la pluie, la pluie...
Les cris reprennent. La pluie. Ce ne sont pas les mêmes cris que le jour. La pluie. Des rires éclatent aussi. La pluie. Du vide a resurgit la vie. La pluie.
Il pleut des bribes de mots hurlés en saccades créoles.

SN
(diplôme d'honneur au concours Europoésie 2011 au profit de l'Unicef)

1 commentaire:

Hélène a dit…

Merci pour toutes ces photos et leur texte, merci pour l'émotion.