Jaune
première partie
Un soleil, une lumière, que faute de mieux je ne puis appeler que jaune, jaune soufre pâle, citron pâle or.
Que c’est beau le jaune.
Vincent Van Gogh
Le soleil chargeait le champ de blé d’une éclatante couleur dorée, la paille aux éclats dans ses rais chatoyants. Une chappe floue recouvrait les épis pointus dressés vers le ciel. Une odeur épouvantable jaillissait de toute part : les hommes, courbés, le front bas, le dos rond, torse nu, noircis, puaient la mort. Simon travaillait. En sueur. Sa peau grillée retenait les gouttes d’eau salée dans des replis de corne, et accumulait une odeur acre et entêtante. Simon était incommodé. Non par la fatigue, ni par l’effort ou l’inconfort de sa position. Non, par l’odeur. Toute la journée il fallait travailler. Aucune autre échappatoire ; si l’on voulait s’en sortir. Mais finalement, habitué comme il l’était, cela ne lui semblait pas si difficile que ça. Il lui était presque agréable d’enfouir son esprit sous une bonne masse de travaux éreintants. Les mauvaises pensées exsudaient pleinement avec la sueur puis s’évaporaient dans l’air ambiant ; et cela sans arrêt tout au long de la journée. Il lui était bien plus bénéfique de rester ainsi des jours entiers à trimer comme une bête, plutot que de retrouver les autres, le soir, ressassant sans arrêts les déboires de la journée, leur malchance, le temps qu’il faisait et qui n’était jamais clément, leur corps qui s’émaciait de trop peu manger, leur peau qui se durcissait d’être toujours à l’air, leurs pieds ou se formaient des cals, déformant désagréablement leur démarche. Lui ne se plaignait jamais. Finalement, ils mangeaient peu, mais ils mangeaient, ils étaient occupés et ne restaient pas à moisir inactifs.
Rien ne lui déplaisait tant que l’inoccupation… et les odeurs de crasse.
à suivre...
(vous pouvez retrouver la nouvelle entière sur http://nouvellesetcontes.blogspot.com/)
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